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Biodiversité marine : à la découverte de l’Océanite tempête, le plus petit oiseau marin d’Europe

25|05|2023
Engagés
Lecture : 4 minutes

Connaissez-vous l’Océanite tempête ? Avec le printemps, ce spécimen rare est de retour sur le littoral breton pour se reproduire, comme de nombreux oiseaux marins nicheurs. Chronique d’un spécimen rare et méconnu, menacé par un prédateur inattendu : la Chouette effraie.

L’Océanite tempête, un oiseau rare et discret

Parmi tous les oiseaux marins visibles sur le littoral breton, l’Océanite tempête (ou Pétrel tempête, nom scientifique Hydrobates pelagicus) n’est pas le plus facile à observer.

Cela s’explique d’abord par sa petite taille : avec 15 à 16 cm en moyenne, 30 à 40 cm d’envergure et 26 g à peine, c’est le plus petit et le plus léger des oiseaux marins d’Europe. Son mode de vie contribue aussi à son invisibilité : oiseau pélagique par excellence, l’Océanite tempête vit en mer la majeure partie du temps. Planctonophage, il se nourrit de larves de poisson et de petits crustacés, qu’il pêche à la surface de l’eau, ne s’approchant des côtes qu’en cas de tempêtes (d’où son nom) ou en période de reproduction. À terre, il passe d’autant plus inaperçu que son comportement est exclusivement nocturne.

Enfin, c’est un oiseau rare. Une espèce protégée, classée « vulnérable » sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de France métropolitaine. En Bretagne, on compte environ 1 100-1 200 couples nicheurs, pour l’essentiel dans la réserve du Parc naturel marin d’Iroise (département du Finistère), notamment sur l’archipel de Molène (75 % de l’effectif).

La reproduction, une période à haut risque

Lorsqu’il vient à terre pour sa nidification, l’Océanite passe ses journées à l’abri dans des cavités naturelles (sous des rochers, dans des fissures, dans des terriers de lapins). La période de ponte court de mai à août. La femelle pond alors un seul œuf, déposé à même le sol, qui éclot après 6 semaines de couvaison. Dès l’âge d’une semaine, le couple laisse seul son poussin, et ne revient que la nuit pour le nourrir. La prédation des œufs, poussins et adultes pendant cette période, constitue l’une des principales menaces pour l’Océanite tempête.  

Quand la chouette menace l’Océanite et effraie les ornithologues

Impliquée dans la préservation de la biodiversité et la sauvegarde des espèces menacées, l’association Bretagne Vivante mène un programme de baguage des Océanites, avec un comptage annuel depuis 1997. Ce dispositif permet de suivre les déplacements des oiseaux, le succès de la reproduction, l’impact sur la survie de l’espèce des modifications de l’environnement ou des prédateurs naturels (goélands, héron cendré, faucon pèlerin, ou hibou des marais).

Mais c’est l’installation permanente sur l’île de Béniguet dans l’archipel de Molène, à partir de 2018 d’une nouvelle espèce de volatiles nocturnes, la Chouette effraie (ou Effraie des Clochers), qui préoccupe les défenseurs de l’Océanite tempête. À l’affût de toute menace sur l’espèce, les ornithologues ont décidé de collecter et d’analyser les pelotes de réjection recrachées par les chouettes après la digestion, afin d’étudier leur comportement alimentaire et l’impact de leur prédation. Et devinez quoi ? Ces pelotes de réjection recèlent bien, au milieu des restes de rongeurs, de nombreux crânes, ossements et bagues d’Océanites tempête !

Surveillance renforcée

Cette découverte atteste la rapide spécialisation alimentaire des chouettes dans ce milieu insulaire, aux dépens de l’Océanite. Ce phénomène nouveau a mis en alerte les ornithologues de Bretagne Vivante et le personnel du Parc naturel marin d’Iroise. Prédateurs et prédatés sont désormais sous surveillance renforcée, pour évaluer l’impact démographique de la prédation et envisager, si nécessaire, des mesures spécifiques de protection des Océanites. La prédation de près de 10 000 Océanites par les autres prédateurs que la chouette durant les 25 dernières années n’a jusqu’à présent pas mis en péril l’avenir des colonies.

Sources / En savoir plus

https://parc-marin-iroise.fr/editorial/loceanite-tempete

https://biodiversite.bzh/nouvelle/chouettes-effraies-oceanites-molene/

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