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Des moutons de Bretagne au secours des oiseaux marins

17|11|2021
Engagés
Lecture : 5 min

C’est l’histoire d’un troupeau de moutons qui vient en aide aux oiseaux marins… le début d’une fable ?  Que nenni, c’est bien une histoire vraie qui se déroule sur la Réserve du Cap Sizun dans le Finistère ! L’association Bretagne Vivante, gestionnaire du site, mise sur le pâturage d’ovins pour entretenir la lande, contribuant ainsi à la préservation de la biodiversité du littoral breton. 

Une lande accueillante pour les oiseaux

L’entretien de la lande par le pâturage des moutons est une pratique ancestrale qui a été remise en place sur la réserve de Goulien voici trente ans. L’enjeu : permettre à certains oiseaux insectivores nicheurs de se nourrir. Ainsi, « le Crave Rouge, un oiseau marin rare et emblématique du Cap Sizun, se nourrit exclusivement d’invertébrés (fourmis, larves, vers, etc.) qu’il picore au sol avec son bec crochu. Certaines familles de passereaux en déclin, comme l’alouette, la linotte mélodieuse ou le pipit farlouse, qui font leur nid dans les accidents de terrain peuvent aussi être gênés par une végétation trop abondante » explique Gaétan Guyot, technicien ornithologue à la Réserve du Cap Sizun, en charge de l’entretien du site et des comptages d’oiseaux. On a coutume de parler de lande rase sur les caps exposés comme Sizun, mais la végétation n’est pas si homogène. On a une pelouse rase en bordure des falaises, où les embruns et les vents freinent la végétation, mais dès qu’on s’éloigne du trait de côte, la nature reprend ses droits, la lande nécessite un entretien régulier. C’est là qu’interviennent les moutons : ils tondent en broutant et leur piétinement met les sols à nu à certains endroits« . L’intervention de l’homme se limite alors à un fauchage partiel de la lande tous les 5 ans, avec un roulement entre les parcelles.

Crédit photo : @Réserve Cap Sizun / Bretagne Vivante

Une race de moutons sauvée

Le destin de la race ovine « Landes de Bretagne » sélectionnée par les naturalistes du Cap Sizun, rend l’histoire encore plus belle. En effet, les premiers essais de pâturage ont été menés avec des moutons d’Ouessant, une espèce endémique de Bretagne. Du fait de leur petit gabarit, l’action de ces Ouessantais s’est avérée insuffisante. La réserve a alors tenté l’expérience avec une autre race locale, plus corpulente, rustique et bien acclimatée, qui était alors en voie de disparition : le mouton « Landes de Bretagne ». Pari gagné ! Aujourd’hui, la restauration de la race est acquise : le troupeau du Cap Sizun compte 20 têtes et a essaimé dans plusieurs fermes de la région qui participent à la sauvegarde de l’espèce.

Tonte manuelle et bien-être animal

Depuis 2020, les ornithologues du Cap Sizun, désireux de renouer avec un pastoralisme traditionnel qui garantit le bien-être animal, ont opté pour la tonte manuelle au ciseau. Cette méthode à l’ancienne, plus silencieuse que la tonte électrique, réduit le stress des moutons et préserve la tranquillité des oiseaux nicheurs.  Cela s’inscrit dans notre partenariat avec le collectif « La mer moutonne », qui défend la filière « laine » locale, les savoir-faire et la tradition : Ils nous apprennent la tonte manuelle, nous leur cédons la laine, en vue de sa valorisation » commente Gaétan Guyot.  

Des animations en commun sur la Réserve du Cap Sizun à destination du grand public sont prévues : démonstration de tonte au ciseau, ateliers pastoralisme autour des métiers de la laine, etc. Objectif : attirer le public sur la réserve et faire connaître les espèces et les traditions locales, qui font partie intégrante du paysage et du patrimoine bretons.

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