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Pollution marine aux microplastiques : comprendre pour mieux lutter

25|11|2020
Engagés
Lecture : 5 minutes

En matière de pollution plastique, les vortex de déchets plastiques qui flottent sur l’océan – appelé 7e continent – n’est que la partie visible de l’iceberg. L’attention se concentre désormais sur les microplastiques, qui représentent 90% de la pollution plastique dans l’Océan, et menacent toute la chaîne alimentaire. So Phare vous dit pourquoi et comment lutter au quotidien.


Microplastiques, méga enjeux 

Chaque année, huit millions de tonnes de plastique sont rejetées en mer. Non biodégradable et soumis à une érosion intense (rayons du soleil, salinité, frottements contre le sable et les rochers…) le plastique se désagrège en particules de plus en plus petites. On appelle « microplastiques » ces particules dont la taille est inférieure à 5 mm, et qui de ce fait sont ingérées par le plancton, les poissons et mammifères marins, contaminant par effet domino toute la chaîne alimentaire.

Les vêtements, plus gros pourvoyeurs de microplastiques

Le saviez-vous ? Selon une étude de l’Union internationale pour la conservation de la nature, les textiles synthétiques sont la première source primaire de microplastiques (taille originelle inférieure à 5 mm). En effet, à chaque lavage, des fibres synthétiques cassées atterrissent dans les eaux usées. Problème : leur taille microscopique fait qu’elles échappent aux filtres du lave-linge et de la station d’épuration pour finir dans les fleuves et océans. Au total, notre linge serait à l’origine de plus du tiers (35%) de cette pollution primaire ! Deuxième source primaire de microplastiques, l’érosion des pneus de véhicules lors du roulage (28%), d’infimes particules s’accumulant sur les routes avant d’être emportées par les pluies jusqu’aux fleuves et océans. Textiles synthétiques et pneus représentent plus de 60 % des déchets microplastiques déversés directement en mer. Le restant provient des poussières urbaines (24%), des marquages routiers, des revêtements de bateaux et des produits cosmétiques.

Tara Océan sur la trace des microplastiques

La question spécifique des microplastiques s’impose depuis peu dans le débat. Une prise de conscience à laquelle la Fondation Tara Océan (dont Phare d’Eckmühl est partenaire) a grandement contribué, avec sa mission Microplastiques 2019. Durant 6 mois, de mai à novembre 2019, la Goélette Tara a sillonné les 4 façades maritimes et 9 fleuves d’Europe pour remonter aux origines de la pollution plastique et mieux connaître ses mécanismes. Objectifs : identifier les sources de cette pollution, comprendre comment s’opère la fragmentation des microplastiques et leur dispersion, quels sont ses impacts sur la biodiversité marine et la chaîne alimentaire. Quelque 2 700 échantillons prélevés sont en cours d’exploitation. Les premières analyses ont permis de confirmer l’ampleur du phénomène : 100 % des prélèvements d’eau effectués dans les fleuves européens contenaient des microplastiques ! En outre, les analyses révèlent que ces microplastiques sont de véritables « éponges à polluants ». Au gré de leur dérive, ils se chargent en polluants présents dans les fleuves (pesticides, hydrocarbures, métaux lourds…), induisant des effets toxiques sur les organismes aquatiques qui les ingèrent, dont ils perturbent la croissance et la reproduction, notamment.

Plastiques en mer, les solutions sont à terre !

La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons tous faire quelque chose ! À commencer par réduire notre consommation de fibres synthétiques, en réintégrant dans nos vestiaires plus de matières naturelles biodégradables (coton, laine). Mais soyons lucides, en 2020, difficile de se passer des matières synthétiques, omniprésentes dans le prêt-à-porter. Le plan B ? Utiliser un sac à laver écologique spécial vêtements synthétiques, de type Guppyfriend, le 1er du genre lancé en 2017 par deux surfers allemands. Conçu en polyamide très résistant et entièrement recyclable, son maillage de 50 microns emprisonne les microfibres, évitant leur migration dans les eaux usées. En dehors des lessives, il y a bien d’autres manières de prévenir la pollution aux microplastiques, en modifiant nos habitudes de consommation : privilégier les emballages recyclables (verre et carton), avoir recours à des contenants réutilisables (bouteilles consignées pour les boissons, recharges en emballages souples pour les produits d’hygiène et d’entretien, fabrication de produits d’entretien maison à base de produits naturels…) font partie des gestes vertueux.

Et encore et toujours, bien sûr, participer au nettoyage des plages et cours d’eau, dans le cadre de campagnes collectives ( « Trashchallenge » , « Clean Up day »…)  ou à titre individuel, en collectant les déchets rencontrés lors de balades à la plage comme en bordure de lac ou de rivière.

Pour en savoir plus…

  • Sur l’origine des microsplastiques primaires

https://fr.statista.com/infographie/18234/sources-microplastiques-oceans/

  • Sur l’expédition Tara Microplastiques 2019 et les premières retours d’expérience

https://oceans.taraexpeditions.org/m/science/les-actualites/cp-retour-missionmicroplastiques2019/

  • En vidéo : l’épopée d’un jouet en plastique qui dérive dans l’océan

https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/ocean-microplastique-15886/