Bandeau Phare d'Eckmühl

Quand l’écume de mer s’invite en ville

26|03|2020
Chronique de la mer
Lecture : 3 minutes

Gloria, Ciara, Dennis… Les tempêtes d’hiver qui frappent nos côtes se suivent et se ressemblent, avec leurs lots d’images spectaculaires. La vision de rues envahies par une épaisse couche de mousse, notamment, est saisissante. Comment expliquer ce phénomène ? Quelle différence avec l’écume des vagues ? Décryptage.


Phénomène naturel, l’écume de mer est une mousse qui en cas de vent peut recouvrir temporairement les zones de l’estran, voire déborder sur le continent. Parfois l’écume est tellement abondante qu’elle peut recouvrir des villes entières. Ce fut le cas sur le littoral australien, en janvier 2013, après le passage du cyclone Oswald : des montagnes d’écume jusqu’à trois mètres de haut ont envahi les rues de Mooloolaba, une petite station balnéaire de l’état du Queensland. Sous nos latitudes, il n’est pas rare que l’écume déferle sur le front de mer et les rues adjacentes, comme cela s’est produit récemment à Saint-Guénolé dans le Finistère ou à Biarritz, sur la côte basque.

D’où vient le phénomène de mousse de mer ?

La mousse blanche et fine qui se forme à la surface de l’eau et borde les vagues est créée par l’agitation de l’eau de mer, et est d’autant plus abondante qu’elle contient de fortes concentrations de matière organique dissoute ou un haut niveau d’iode. Cette matière organique responsable de la formation de l’écume est constituée de micro-algues du genre Phaeocystis. Lorsque ces micro-algues se multiplient et se reproduisent de manière importante (on parle du bloom), elles forment une substance (le mucilage) qui gonfle au contact de l’eau et devient visqueuse comme de la gélatine.En cas de tempête, lorsque la mer est agitée par des vagues déferlantes, ces composés peuvent agir en tant que tensioactifs ou agents moussants. La présence de ces tensioactifs dans ces conditions turbulentes emprisonne l’air et forme des bulles persistantes qui se collent les unes aux autres : cela donne l’écume de mer, également appelée mousse de mer. En raison de sa faible densité et de sa persistance, l’écume de mer peut être disséminée par vent fort jusque sur la terre ferme.

Un phénomène similaire, appelé « Écume de mai » s’observe aussi parfois en bord de mer, en dehors des tempêtes, le plus souvent au mois de mai. Il résulte de la conjonction de conditions météorologiques (vent, température de l’eau, ensoleillement) et de phénomènes biologiques (mélange de mucus, protéines et matières grasses émises par les bactéries marines et le phytoplancton) provoque une formation accrue d’écume dont une partie peut s’envoler vers les terres.

L’écume de mer en version solide

Peut-être avez-vous déjà vu ou entendu parler d’objets en écume de mer ? Rien à voir avec le plancton cette fois : l’écume de mer désigne aussi un minéral blanc et tendre, l’hydrogénosilicate de magnésium, aussi nommé sépiolite en raison de sa ressemblance avec les os de seiche. Ce matériau opaque, de couleur blanc gris ou crème, que l’on peut sculpter. Il est principalement employé pour fabriquer des pipes, porte-cigares et objets de décoration raffinés. On extrait ce minéral de gisements terrestres (en Turquie principalement) mais il se trouve parfois aussi flottant dans la mer Noire, ressemblant alors à s’y méprendre à de l’écume marine…