Bandeau Phare d'Eckmühl

Comment compte-t-on les poissons dans la mer ?

30|01|2020
Engagés
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Mi-décembre, comme chaque année, les ministres de l’Agriculture et de la Pêche des 28 États membres de l’Union Européenne se sont accordés sur les taux autorisés de capture (TAC) qui s’appliqueront en 2020 aux principales espèces de poissons commerciaux de l’Atlantique et la mer du Nord. La fixation des TAC – la masse maximale qu’il est raisonnable de pêcher dans une zone définie afin d’assurer la pérennité de l’exploitation -, se fait par espèce et par zone, et sur la base des avis des scientifiques concernant l’état de la ressource halieutique.


Méthodes traditionnelles

Il n’y a pas une mais plusieurs méthodes de comptage.

L’évaluation de la ressource s’appuie en premier lieu sur les données d’exploitation de la pêche : la loi oblige en effet les pêcheurs à déclarer leurs statistiques de débarquements. Ce comptage a posterori, couplé à une modélisation mathématique, permet d’évaluer l’abondance des stocks en mer. À cela, on ajoute des données scientifiques, en tenant compte notamment des zones où les pêcheurs ne vont pas.

La technique du comptage visuel en plongée est très utilisée. Le long d’un axe de 20 ou 50 m, on compte les poissons en notant l’espèce et la taille des individus. Aujourd’hui, les comptages vidéo se multiplient, pour des résultats plus fiables : des caméras rotatives immergées à des profondeurs différentes, permettent une observation les poissons en continu à 360°, durant tout un cycle de marée.

Les campagnes océanographiques : les agences spécialisées, telles que l’Ifremer en France ou l’Agence américaine d’observation océanographique et atmosphérique (NOAA) mènent des campagnes régulières d’évaluation de la ressource. Ainsi l’Ifremer effectue une campagne annuelle de comptage à bord du navire océanographique Thalassa. Il est équipé de trois sondeurs acoustiques qui permettent de détecter les bancs de poissons et leurs formes, qui diffèrent selon les espèces. Les bancs de sardines, par exemple, forment des boules. L’équipe lance alors un filet pour prélever un échantillon. Les poissons remontés à bord sont dénombrés et analysés (taille, poids, sexe), avant d’être rejetés à l’eau. Ces informations sont rapprochées des observations faites par des pêcheurs professionnels.   

Les nouvelles technologies au secours du comptage

Avec la révolution technologique, de nouvelles méthodes de comptage apparaissent, utilisant des outils de plus en plus sophistiqués, pour des résultats toujours plus précis.
Des sous-marins autonomes, créés à l’origine pour surveiller les récifs de corail sont désormais utilisés pour compter les poissons à l’aide d’un système hydroacoustique, dans les zones rocheuses difficiles d’accès, ou pour dénombrer les espèces vivant en eaux profondes (morue, merlu…). Des drones équipés de sonars surveillent les espèces vivant au large. Ces engins recueillent un énorme volume de données, qui sont ensuite analysées grâce à l’intelligence artificielle. Autre technique récente : l’ADN environnemental. Lambeaux de peau, sang, écailles… chaque espèce laisse des traces de son génome dans son sillage. Il suffit donc de prélever un seau d’eau et d’en analyser toutes les molécules.

Chaque technique de comptage comporte ses avantages et ses inconvénients. C’est en les combinant que l’on parvient à réaliser des inventaires de plus en plus précis.