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La pêche et les marins-pêcheurs

16|05|2018
Chronique de la mer
Lecture : 5 minutes

Il y a bien des façons de classer ce que tout un chacun appelle la pêche en mer.
Nous pourrions parler de la durée des marées : petite pêche avec un retour au port dans les 24 heures, pêche côtière et un retour dans les 4 jours, pêche au large pour des marées comprises entre 4 et 20 jours.


Pour la grande pêche, les marées durent plus de 20 jours et ne sont effectuées que par des bateaux dont la jauge est supérieure à 150 tonneaux (soit environ 450 m3 de jauge) et ils peuvent être beaucoup plus gros dans le cas des bateaux-usines, jusqu’à 1 500 tonneaux environ.

Nous pourrions aussi classifier les types de pêche en fonction du lieu de pêche : à proximité des côtes, c’est-à-dire dans une zone entre 0 et 12 miles nautiques (soit environ 23 km) ou au large, au-delà de ces 12 miles. Dans les faits, de nombreux bateaux pratiquent la pêche mixte.

Nous reviendrons sur ces aspects techniques dans d’autres articles. Mais, alors, nous parlerons de bateaux, de zones, de durées… mais bien peu des hommes, ces fameux pêcheurs, dont les profils sont bien différents d’une zone de pêche à l’autre, d’un type de bateau à l’autre, ceux qui font l’âme de ce métier.

La FAO (Food and Agriculture Organization – ONU) compte environ 38 millions de pêcheurs dans le monde en 2014. 90% de ces pêcheurs environ pêchent depuis des embarcations motorisés de moins de 12 mètres de long. Le nombre d’heures de pêche par pays permet de mieux identifier quel type de pêche et quelles typologies de pêcheurs sont observées par pays.

Ainsi, ces 38 millions de pêcheurs ont des statuts bien différents. Que de diversité ! Peut-on alors parler d’une communauté mondiale de marins pêcheurs ? Probablement pas. Par exemple, la Chine, Taiwan et même l’Espagne sont équipés en gros chalutiers et en bateaux-usines. Ces flottes emploient de nombreux ouvriers dont la pénibilité du travail est très forte : les marées sont longues, l’activité s’effectue parfois dans les cales, en zone frigorifique et peut impliquer la manipulation de lourdes charges. On trouve, à l’opposé, dans de nombreux pays, de petites embarcations qui

pratiquent la pêche côtière. L’organisation est alors plus traditionnelle. Ce sont de trois à une dizaine de pêcheurs qui s’affairent sur un navire pour des marées le plus souvent inférieures à 24 heures.

Et que dire du métier en France ?

Ce sont près de 7000 navires qui sont recensés par l’administration. Les chalutiers et les fileyeurs sont les navires les plus nombreux. Mais, là encore, si les fileyeurs, embarcations de moins de 12 mètres, ne pratiquent généralement que la pêche côtière ; la taille du chalutier, entre 6 et plus de 50 mètres de long permet d’avoir une grande diversité de pêches. Les métiers et les qualifications pour les hommes qui y travaillent y sont donc plus variés.

L’équipage, plus ou moins important, comprend généralement différentes fonctions : un patron, son second, un mécanicien et des matelots. A bord des plus grandes unités, se trouveront en plus, des lieutenants, un maître d’équipage « bosco » et des techniciens du froid.

En France, c’est une chance, la formation aux métiers de marin-pêcheur existe. Elle permet de coupler, grâce à l’alternance, de solides connaissances théoriques à un enseignement pratique prodigué par des pêcheurs chevronnés aux conseils avisés.

Il faut alors distinguer des formations pour le service « Pont » et pour le service « Machine ». Quelle que soit la formation choisie, l’enseignement sur la sécurité à bord, la lutte contre les incendies, la formation aux premiers secours et aux gestes médicaux d’urgence sont indispensables pour un métier qui reste dangereux.

Il est alors possible de devenir matelot sur un bateau de pêche en obtenant un Certificat d’Aptitude Professionnelle. La poursuite de la formation passe par un bac professionnel et même un BTS qui donnera les premières notions de gestion d’entreprise pour ceux qui souhaitent devenir patron de pêche.

Techniciens, mécaniciens, managers, ingénieurs, gestionnaires : voilà donc les très nombreuses casquettes du marin-pêcheur.

En France, l’objectif commun à l’ensemble des formations proposées est bien de sensibiliser toutes les personnes intéressées par la découverte du monde des métiers de la mer et de la pêche à leurs enjeux multiples. Ils seront les pêcheurs de demain, ingénieurs et sentinelles de la mer. Nous comptons sur eux pour participer à la gestion durable et à la préservation des ressources.

A nous d’encourager tous les marins-pêcheurs, de les respecter pour leur dur labeur, leur amour de la mer, car, ne l’oublions pas, ils nous nourrissent aujourd’hui et, nous l’espérons, continuerons à nous nourrir demain.